• Appauvrissement

    Si les choses qui trottent dans la tête
    sont toutes déshabillées,
    le signal est alarmant,
    on devrait se demander
    si c'est un état de guerre.

    J'en connais pour qui
    l'aventure humaine se résume
    à dénuder un coeur, dévêtir un corps,
    parce que leur objectif
    est la simplification.

    Au bout d'une semaine
    ils ne savent même plus dire bonjour.
    Ils ne cherchent qu'à consolider
    la routine du mépris d'autrui,
    déjà installée.

    Au bout d'un mois
    ils sont déjà pratiquement
    des pervers narcissiques,
    révoltés par cette rivière,
    dont le flux alourdit leur soif d'absolu.

    Et s'ils tombent maintenant
    ce sera en s'appuyant tranquillement
    sur les corps soumis
    de ceux qu'ils parasitent
    pour s'assurer de la joie.

    En un tour de main
    l'esprit de finesse est actionné à l'envers.
    Du coeur alors n'émanent
    que de navrantes platitudes,
    des désirs fondus.


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  • Fin des automatismes

    Pourras-tu m'ausculter,
    dans la fraîcheur du matin
    quand les sons de ma vie seront déréglés?
    Pourras-tu m'écouter
    quand je franchirai les étapes,
    sans avoir aucune vision?
    Pourras-tu me regarder
    quand je ressemblerai à une brebis galeuse
    à la recherche d'un abri élémentaire?
    Pourras-tu m'enseigner
    à vivre une vie exceptionnelle
    quand j'aurai besoin d'un professeur?

    Ce seront des secondes d'hésitation
    dominées par l'inimaginable,
    qui vont suivre ces demandes d'attention
    d'un être qui se livre éperdument
    alors qu'autour de lui
    ont cessé de se manifester les limites
    de l'espace et du temps,
    l’ordre ayant cédé la place à l'infini béant.
    Même les poids et mesures,
    en devenant spectaculaires,
    seront métamorphosés subitement
    en ineffables pièces à conviction.

    J’ai honte de moi, de ne plus savoir
    si je dois rester ou partir.
    J’ai honte de me pencher librement
    vers un univers peuplé d’histoire
    où il n’est plus possible de reconnaître
    les personnages qui ont agi
    pour une noble cause.
    L’oubli ravageur a tant perturbé
    jour après jour les esprits,
    qu’on ne voit plus les traces des pneus
    quand les véhicules ont passé,
    laissant ça et là des passagers frileux.


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  • Pour être cordial

    C'est comme si le jus qui se fabrique,
    dans la tiédeur d'une conscience active,
    possédait des vertus printanières
    pour vieillards sclérosés.

    Mais il m'en coûte de livrer
    des quantités toujours insuffisantes
    de ce nectar de jouvence,
    pour me faire ensuite accuser d'incompétence.

    On devrait se faire entendre
    quand on explique que le monde
    ne fonctionne pas selon les règles de la pitié,
    mais plutôt sur la concurrence.

    On devrait entendre plus fort
    le battement du coeur à mesure
    qu'on s’approche du but et saisir
    le sens des mots alors, même dans le chahut.

    Mais le coeur s'use,
    même s'il s'économise et s'ennuie.
    Il se tord parfois dans son mouvement
    alors qu'il devrait juste se gonfler d'ardeur.



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  • Facettes de l'amitié

    La tendresse des mots tendres
    est-elle un onguent délicieux
    pour l'âme et ses bleus
    ou juste une illusion,
    précédant l'invasion de l'intime?

    Grosso modo toute personne
    suspectée de ne pas être
    suffisamment libertine
    aurait à faire preuve de repentir
    et vite changer sa conduite.

    Les leçons de morale
    on les fait à présent
    à ceux qui seraient restés campés
    sur des rigidités inadmissibles,
    d'origine non spirituelle.

    On a si bien trouvé
    des mots pour expliquer
    les relations normales,
    qu'on en est restés pétrifiés
    dans des procédures complexes étouffantes.

    Désormais sur le net on se follow,
    mais sans arriver
    à toucher l'autre dans l'axe du temps,
    par des renvois possibles
    aux formes spatiales de l'approche intime.

    On a tant batifolé
    dans le virtuel, dans la légèreté,
    qu'on n'arrive plus à saisir
    les effets des conséquences fâcheuses
    de toute trahison.

    Savoir que l'ami le plus déloyal
    est celui qui te vole tes amis,
    non pas pour s'enfuir avec,
    mais pour faire pression sur toi
    ou te chasser.



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  • Allure déraisonnable

    L'amitié plus belle
    ne se confond pas avec le pillage.
    Jamais l'ouverture à l'autre
    ne doit laisser de doute
    quant aux prolongements futurs.

    Ou alors montrez-moi
    que vous êtes d'accord
    pour débusquer dans le noir
    les malotrus, les malfrats,
    les abuseurs et violeurs en tous genres.

    L'acte principal
    d'un humain honnête et honorable
    n'est jamais déraisonnable en soi,
    à moins que ce soit justement
    de la filouterie experte.

    On a trop souvent confondu
    la tiédeur avec l'inconscience,
    la gentillesse avec l'inconsistance,
    même quand on croit
    faire juste de la poésie.

    Ce que j'aime chez les surréalistes
    c'est qu'ils avaient la notion
    que leurs fantasmes
    étaient virtuels,
    par effet de la culture ambiante.

    Tandis qu'avec la permissivité actuelle,
    contrastée à peine
    par quelques règlements impersonnels,
    on a banalisé
    la toute-puissance de l'égo.

    Mais c'est une grossière erreur
    de croire que les pulsions,
    quand elles sont inconscientes,
    sont plus tièdes,
    plus timides, plus gentilles.


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