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Au bord du précipice
Se libérer du fardeau de l'incertitude
grâce à un seul mot,
tombé un peu par hasard,
mais aussi parce que j'ai couru
très loin le chercher.
Le désert était dépeuplé,
mais des sons parvenaient
à mes oreilles,
mirages difficiles à comprendre,
vertiges d'expériences oubliées.
Une seconde voix se superposait,
assez fort même,
mais d'une force passive et ravagée,
au point d'en accepter
l'inéluctable tromperie.
Et les distorsions du langage,
de plus en plus pathogènes,
s'imbriquaient maintenant
dans une réalité gluante,
de plus en plus trouble.
Mots glissants, pour me faire croire
que j'avais besoin d'un appui,
d'un forfait, d'un méfait,
bref de quoi me laisser
pieds et poings liés.
Puis vint la libération,
quand les oiseaux dormeurs
me délivrèrent en s'envolant,
en s'éveillant,
laissant imaginer une autre vie possible.
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Appauvrissement
Si les choses qui trottent dans la tête
sont toutes déshabillées,
le signal est alarmant,
on devrait se demander
si c'est un état de guerre.
J'en connais pour qui
l'aventure humaine se résume
à dénuder un coeur, dévêtir un corps,
parce que leur objectif
est la simplification.
Au bout d'une semaine
ils ne savent même plus dire bonjour.
Ils ne cherchent qu'à consolider
la routine du mépris d'autrui,
déjà installée.
Au bout d'un mois
ils sont déjà pratiquement
des pervers narcissiques,
révoltés par cette rivière,
dont le flux alourdit leur soif d'absolu.
Et s'ils tombent maintenant
ce sera en s'appuyant tranquillement
sur les corps soumis
de ceux qu'ils parasitent
pour s'assurer de la joie.
En un tour de main
l'esprit de finesse est actionné à l'envers.
Du coeur alors n'émanent
que de navrantes platitudes,
des désirs fondus.
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Fin des automatismes
Pourras-tu m'ausculter,
dans la fraîcheur du matin
quand les sons de ma vie seront déréglés?
Pourras-tu m'écouter
quand je franchirai les étapes,
sans avoir aucune vision?
Pourras-tu me regarder
quand je ressemblerai à une brebis galeuse
à la recherche d'un abri élémentaire?
Pourras-tu m'enseigner
à vivre une vie exceptionnelle
quand j'aurai besoin d'un professeur?
Ce seront des secondes d'hésitation
dominées par l'inimaginable,
qui vont suivre ces demandes d'attention
d'un être qui se livre éperdument
alors qu'autour de lui
ont cessé de se manifester les limites
de l'espace et du temps,
l’ordre ayant cédé la place à l'infini béant.
Même les poids et mesures,
en devenant spectaculaires,
seront métamorphosés subitement
en ineffables pièces à conviction.
J’ai honte de moi, de ne plus savoir
si je dois rester ou partir.
J’ai honte de me pencher librement
vers un univers peuplé d’histoire
où il n’est plus possible de reconnaître
les personnages qui ont agi
pour une noble cause.
L’oubli ravageur a tant perturbé
jour après jour les esprits,
qu’on ne voit plus les traces des pneus
quand les véhicules ont passé,
laissant ça et là des passagers frileux.
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Pour être cordial
C'est comme si le jus qui se fabrique,
dans la tiédeur d'une conscience active,
possédait des vertus printanières
pour vieillards sclérosés.
Mais il m'en coûte de livrer
des quantités toujours insuffisantes
de ce nectar de jouvence,
pour me faire ensuite accuser d'incompétence.
On devrait se faire entendre
quand on explique que le monde
ne fonctionne pas selon les règles de la pitié,
mais plutôt sur la concurrence.
On devrait entendre plus fort
le battement du coeur à mesure
qu'on s’approche du but et saisir
le sens des mots alors, même dans le chahut.
Mais le coeur s'use,
même s'il s'économise et s'ennuie.
Il se tord parfois dans son mouvement
alors qu'il devrait juste se gonfler d'ardeur.
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Facettes de l'amitié
La tendresse des mots tendres
est-elle un onguent délicieux
pour l'âme et ses bleus
ou juste une illusion,
précédant l'invasion de l'intime?
Grosso modo toute personne
suspectée de ne pas être
suffisamment libertine
aurait à faire preuve de repentir
et vite changer sa conduite.
Les leçons de morale
on les fait à présent
à ceux qui seraient restés campés
sur des rigidités inadmissibles,
d'origine non spirituelle.
On a si bien trouvé
des mots pour expliquer
les relations normales,
qu'on en est restés pétrifiés
dans des procédures complexes étouffantes.
Désormais sur le net on se follow,
mais sans arriver
à toucher l'autre dans l'axe du temps,
par des renvois possibles
aux formes spatiales de l'approche intime.
On a tant batifolé
dans le virtuel, dans la légèreté,
qu'on n'arrive plus à saisir
les effets des conséquences fâcheuses
de toute trahison.
Savoir que l'ami le plus déloyal
est celui qui te vole tes amis,
non pas pour s'enfuir avec,
mais pour faire pression sur toi
ou te chasser.
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